Depuis le Colorado où il a élu domicile, Fouad Mennana entreprend de retrouver la trace de son défunt grand‑père — Amara Mennana — un agriculteur algérien exproprié de ses terres et déporté dans les bagnes de la Guyane française en 1926. Fouad lance sur internet quelques bouteilles à la mer. Mais rien n’est moins accessible que la violence du passé, et les archives et les classements et la poussière des cartons taisent secrètement l’histoire de celles et ceux qui n’ont plus de nom : sans nom patronyme, sans numéro, sans sépulture. Et pourtant, entre les paysages de cette disparition, entre Constantine et Saint Laurent du Maroni, entre Alger, Aix-enProvence et les Etats-Unis, quelques lettres parviennent un jour à leur destination : « si je viens à être libéré, je regagnerai mon pays »
En observateur participant, Pierre Michelon arpente les terrains d’une société oublieuse et aphasique. Sa réflexion est concentrée sur l’écriture, l’oralité et l’usage de l’histoire. Elle se décline dans une variété de propositions : traductions, films, installations, performances-documentaires… Chacun de ces montages est conçue autour d’un processus de recherche, qui prend tantôt la forme d’enquêtes, d’entretiens, de dérives et d’associations multiples. C’est le dessus-dessous des paysages, c’est l’écoute des archives et de leurs voix polyglottes.
Depuis 2012, Pierre Michelon est membre de La fabrique Phantom, Paris. Il est actuellement doctorant Sciences Art Création Recherche (SACRe) à Paris Sciences et Lettres Université / Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris.
Ses précédents films ont été présentés dans des festivals et dans le cadre de programmes curatoriaux et culturels. Ces différents espaces qu’il aborde sans les hiérarchiser sont complémentaires à ses yeux et lui ont permis de dialoguer avec des publics variés.
Ses productions ont été présentées à la PUTSCH galerie, ERG, Bruxelles (2018), au Doclisboa, Lisbonne (2017), au Hall noir, Bourges (2017), au Cinéma du réel, Paris (2017), à l’espace Khiasma, Les Lilas (2016), aux Inattendus, Lyon (2016), au Centre d’Art Bastille, Grenoble (2016), à Echelle Inconnue, Rouen (2015), au Torino Film Festival, Torino (2015), à la Fondation Sandretto Re Rebaudengo, Torino (2015), au DOClab, Hà Nội (2015), au campus de l’Université de Guyane, Cayenne (2014), au Cinématographe, Nantes (2015), au Foyer des Jeunes Travailleurs Océane, St Herblain (2014), à la Friche Belle de mai,
Marseille (2013), à la Villa Croce, Genova (2013), à l’E.C.L.A.T., Festival Jeune Algérie, Nice (2012), ou encore au Restaurant Municipal Pierre Landais, Nantes (2012 et 2013).
En mars 2019, Pierre Michelon présentera une exposition au Musée du Louvre (Département des antiquités orientales) et une exposition à l'ex-Espace Khiasma. A l'instar de son film "Amara", ces événements font suite à ses recherches sur la déportation coloniale et intègreront son doctorat d'arts visuels SACRe (Beaux-arts de Paris / PSL).
Filmo
TEPANTAR, 2017, 32 min.
UN PETIT MORCEAU DE BOIS, 2015, 41 min.